Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Version Originale Sous-titrée
14 octobre 2013

Saison 1 épisode 01 - Pilote

notes

 

Que ce soit une grand-mère qui a des faux airs de Tom Selleck ou un papa gâteau (ou l'inverse, rayez la mention inutile), à l'âge où l'on savait que l'on préférait les kinders aux brocolis vapeur, on adorait déjà que l'on nous raconte des histoires. On n'a pas beaucoup changé, finalement. Nous sommes juste passé de "un jour mon prince viendra" à "I am not in danger, I am the danger". Et avouons-le "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" était quand même limite comme cliffhanger, on aurait bien aimer avoir la suite.

      J'ai 31 ans et comme beaucoup de ma génération, j'ai grandi avec les séries télés de papa. Pratique pour être preum's aux blind tests quand passent les génériques de MCGyver, Magnum et consors. Comme beaucoup j'ai vu les séries évoluer, mais sans jamais décrocher de ce medium fascinant.

Adolescent, suivre religieusement "Buffy the Vampire Slayer" était l'équivalent social de porter un bonnet multicolore à grelots. Aujourd'hui, c'est pareil si "Haaan, t'as pas vu le dernier GOT?!!" (Ajouter les yeux écarquillés et les mains en éventail.

Au-delà du débat “qualité de l’offre télé Vs offre ciné“, je me suis surtout posé la question suivante “pourquoi on aime ça, bordel ?“. Pourquoi on est si passionné quand sort chaque nouvel épisode de sa série préférée ? Pourquoi on arracherait les dents au coupe-ongles au premier qui nous spoilerait la fin de “Breaking Bad“ ? Bref, qu’est-ce qui fait une bonne série ?

 

      Pour l’instant celui qui s’approche le plus de ce qui est, pour moi, la bonne réponse, est Andrew Stanton. Ok, le gars a fait “John Carter“, mais on va surtout retenir de son CV “Finding Nemo“ et “Wall-e“ qui prouvent (surtout le dernier) que le monsieur touche sa bille en storytelling. Lors d’une conférence TED, que je vous invite à visionner en intégralité, le monsieur commence en racontant une blague (spoiler alert : ça se termine avec un vieil écossais qui se tape une chèvre), et nous rappelle que “Storytelling is joke-telling“. Soit maîtriser ses prémices, ménager son développement, et surtout connaître sa chute.

Ce qui rejoint plus ou moins le point développé par John Truby, script-doctor de son état, dans l’émission du 26 janvier 2013 de “Saison 1, épisode 1“ sur le Mouv’. Pour lui, une bonne série repose sur 5 points importants :

1- Les prémisses, le pitch de la série indiquant son concept et donnant des indications sur son développement narratif (ce qui la rend unique). Par exemple pour “Breaking Bad“ Vince Gilligan l’a vendue comme “Mr Chips becomes Scarface“.

2- Le fil du désir des personnages : “Je veux tuer Red John“, “Je veux mettre ma famille à l’abri du besoin après ma mort“, “Je veux le trône de fer“, “Je veux coucher avec un vampire“, vous avez compris l’idée.

3- La trame des personnages. Qui sont-ils ? Comment sont-ils connectés ? Comment s’opposent-ils ?

4- L’univers narratif : le cadre, contexte donné à l’histoire. Par exemple une ville de Louisiane où les vampires sont mêlés à la population et les femmes sont nymphomanes, ou un univers de fantasy où tout le monde se fout sur la gueule pour un trône en épées et les femmes sont nymphomanes…

5- Connaître l’intrigue totale de la série. Clin d’œil dans la direction de Cuse et Lindelof suite à la divulgation récente d’un document de travail de "Lost" prouvant que les gars savaient autant où ils allaient que Stevie Wonder sans sa canne.

 

      En analysant ces 5 points on se rend compte que beaucoup de séries vont copier/coller sur d’autres et ne se contenter que de changer le cadre et quelques personnages. Evidemment, ce ne sont pas celles-ci qui rendent accros, qui font que les dernières secondes de l’épisode que l’on vient de voir vont rendre insupportables les jours à venir.

Non, c’est “House MD“ avec le principe de “Et si Sherlock Holmes était médecin ?“, c’est le capitaine Mal Reynolds qui veut garder à tout prix sa liberté et celle de son équipage, c’est la relation père/fils entre Walter et Jesse, c’est le monde par-delà le mur, c’est de savoir pourquoi ils sont sur l’île, putain ! C’est ça qui fait que nous voulons semaine après semaine retrouver les mêmes personnages.

Eh oui les petits gars, pas d’histoire sans personnage. Et le bonhomme Stanton nous le dit dans sa conférence : “Make me care“. Rien de pire qu’une série où l’on se contre-fout de ce qui peut arriver aux personnages. Dernier exemple en date : “The Following“. L’ex-femme du tueur machiavélique fait tellement de conneries qu’on en vient à souhaiter sa mort, et quand un des disciples se fait dessouder à coup d’oreiller (true story), on s’en tamponne comme de l’an 40.

 

“Make me care“.

 

      Des séries comme “Castle“ ou “NCIS“ voire même “Bones“, doivent moins leur longévité à l’originalité de leurs intrigues qu’à l’attachement que l’on peut avoir pour les personnages.

Et que dire de séries comme “Luther“ où le principe est clairement moins de savoir comment il va trouver le tueur, mais jusqu’où il sera près à aller pour cela et quel impact cela aura sur une nature qu’il a de plus en plus de mal à contenir. Rarement dans une série, la nature du personnage et son évolution dicteront aussi clairement le développement de la série, ses intrigues et le destin des personnages qui l’entourent.

“Make me care“ pour les personnages, leurs histoires, le monde qui les entoure. On veut les suivre, être avec eux, trembler pour eux.

Une bonne série, c’est avant tout cela : un récit qui me fera m’attacher aux personnages et à leur histoire.

      Donc non, tu ne me spoileras pas la fin de Breaking Bad, je veux vivre l’aventure jusqu’au bout avec Walter White comme je ne pourrais plus m’arrêter de tourner les pages d’un bon livre.

 

Et tant pis s’ils ne vécurent pas heureux et n’eurent pas beaucoup d’enfants.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité