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8 novembre 2013

Saison 1 épisode 04 – My new dramas

 

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Ça y est, la rentrée est passée. Les cartables ont pris la pluie, les cahiers qu’on avait juré de garder cleans sont déjà pleins de gribouillis dans la marge, les capuchons des bics sont mâchonnés, et la prof de SVT nous a déjà dans le pif.

Bref… C’est le bon moment pour faire le point sur la rentrée des dramas US. Maintenant qu’ils ont chacun 5 ou 6 épisodes dans les bottes, on peut vraiment juger de ce que chacune a sous le capot. Je vais vous épargner “Ironside“ (annulée), “Lucky 7“ (annulée), “Hostage“ (Rrrrrzzz…), et “The Originals“ (pomme C, pomme V) et autres.

On va se concentrer sur les 4 des plus attendues.

 

      Commençons par la plus improbable de la rentrée : “Sleepy Hollow“. Essayez de suivre parce que sinon vous allez nager… Ichabod Crane en mission pour Georges Washington (Crane est anglais, mais ok, ça se tient) meurt sur le champ de bataille après avoir étêté un cavalier ennemi portant un masque d’opéra vénitien. Truc de dingue : il se réveille de nos jours dans une grotte. (Re)truc de dingue : son pote le cavalier sans tête aussi, qui se met coiffeur à son compte tendance “bien dégagé derrière la nuque“. Crane fait équipe avec une jeune flic qui croit au surnaturel (oh bah ça, ça tombe bien alors), laquelle jeune flic découvre que son mentor menait une enquête sur une société secrète, parce que, oui : le cavalier au remède ultime contre la gueule de bois fait partie des quatre cavaliers de l’apocalypse. Et… et… et merde.

Bon, vous l’aurez compris : les deux responsables de ce sac de nœuds ont récupéré les noms Ichabod Crane et Sleepy Hollow et ont changé tout le reste pour raconter un gros gloubiboulga ésotéro-fantastico-Dan Brownien sans queue ni tête (c’est le cas de le dire).

Donc après nous faire avaler en un épisode un postulat mêlant la révolution américaine, les sociétés secrètes, le diable, l’apocalypse, le voyage dans le temps, les sorcières (oui, oui, tout ça), c’est le top départ pour un freak-of-the-week aussi inspiré qu’un “Fais-moi peur“ (avec du comique involontaire) avec un fil rouge aussi épais qu’une corde à nœuds.

Si quelqu’un peut m’expliquer pourquoi ce truc fait un des scores les plus stable de la rentrée, je suis preneur.

 

      On va rester dans les livres de contes et regarder un peu ce qui se passe du côté de “Once upon a time in Wonderland“, spin-off  de la sympathique et inventive “Once upon a time“.

Alice est grande maintenant, et fout les boules à tout le monde en parlant d’un lapin blanc qu’elle a suivi jusque dans un pays merveilleux sur lequel règne la Reine de cœur. Du coup ses parents la mettent dans un hôpital où on donne aux patients un pyjama avec les manches qui s’attachent dans le dos. Ce, jusqu’à ce que le Lapin Blanc et le Valet de Pique la libère pour l’aider à retrouver son amour qu’elle croyait mort.

On peut reprocher beaucoup de chose à la franchise “Once Upon a Time“ : son côté un chouille culcul-la praloche totalement assumé, des effets spéciaux à la limite du carton, des acteurs qui en font des caisses… Et pourtant il y a quelque chose qui nous touche assez vite dans ces séries qui débordent d’ambition, d’énergie et d’inventivité, dans sa manière de piocher dans les livres de contes comme dans un gros coffre à jouet (ici “Alice in Wonderland“ et “Aladdin“ pour débuter), de proposer une relecture souvent inattendue des personnages de notre enfance.

Ici, la petite nouvelle tire son épingle du jeu grâce à une direction artistique soignée, un casting sympa (John Lithgow pour la voix du lapin blanc -3rd rock after the sun, Dexter-) et une histoire pleine de charme et accrocheuse.

Une série sympa pour une soirée détente en famille.

 

      Autre série très attendue : “The Blacklist“, un blockbuster à plus d’un titre. Pilote qui envoie du bois (Joe Carnahan à la réal – Narc, Mise à Prix-), une star qui a su se faire un nom sur le petit écran, James Spader (Stargate le film, Boston Legal, The Office) en mode “je pars avec la caisse sans me retourner“, et une histoire pleine de mystères et d’action.

L’Histoire : Reddington, un ancien agent de la CIA passé à l’ennemi se rend aux autorités après 20 ans d’activités criminelles. Il souhaite coopérer et balancer son carnet d’adresses. Mais à une condition : il ne parlera qu’avec la toute jeune newbie du FBI Elizabeth Keene, avec laquelle il ne partage, apparemment, aucun lien.

On ne va pas se mentir : la principale attraction de cette série reste son acteur principal James Spader dont l’interprétation n’est pas loin d’être équivalente à celle d’un Downey Jr. Il livre chaque semaine une partition très réussie et assez subtile de son personnage tour à tour séducteur et manipulateur, tueur sans pitié, compatissant, méprisant…

Au fil de ces premiers épisodes, nous assistons au lent détricotage de quelques sous-intrigues prometteuses sans apporter la frustration de ne pas voir les réponses venir. Bref, ça ne révolutionne pas la série télé, ça se promène sur des sentiers balisés, mais nous propose des histoires intéressantes et riches en rebondissements.

Les premiers retours vous dirons “pff c’est copié sur le “Silence des Agneaux“, le grand vilain dans sa prison et la petite filc débutante“. Si le pilote donne en effet cette impression, elle se dissipe très vite par la suite pour donner une dynamique changeante dans la relation Keene / Reddington au fil des épisodes, jusqu’à ce que nous même ne sachions plus si Reddington a vraiment à cœur les intérêts de sa protégée, ou s’il n’est qu’un chat cruel s’amusant avec une souris.

Au final, “The Blacklist“ se regarde pour l’honnêteté de l’étiquette, on nous vend un blockbuster, on a un blockbuster divertissant et intéressant. Et par les temps qui courent, c’est déjà pas mal.

 

Finissons par la plus attendue de la rentrée.

 

      Le savoir-faire télé de Joss Whedon (les excellentes “Buffy“ et “Angel“, le chef-d’œuvre “Firefly“, la sous-estimée “Dollhouse") au service de l’univers Marvel après le film “Avengers“.

“Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D.“ nous raconte donc les aventures et enquêtes de l’organisation au cœur des films Marvel et dirigée par Nick Fury : “S.H.I.E.L.D.“ et plus spécialement de l’équipe de l’agent Coulson (très bon Clark Gregg) ramené à la vie pour l’occasion par un tour de passe-passe mystérieux qui sert de fil rouge à cette première saison.

Evacuons tout de suite la première question : la série est-elle décevante ? La réponse est oui. Était-ce inévitable ? Re-oui. On ne peut pas faire du cinéma Marvel avec les moyens de la télé. La série doit donc gérer un premier aspect déceptif et ce, dès le pilote. Pas beaucoup d’action, on passe d’un porte-avion volant à un avion-cargo tout simple, pas de super-héros du catalogue Marvel (juste un clin d’œil de Cobie Smulders en Maria Hill pour faire le lien avec le film)… Bref, on se rend compte assez rapidement qu’on va devoir faire le deuil de nos envies d’avoir un mini “Avengers“ chaque semaine. La série est-elle inintéressante pour autant ? Non.

Elle a même un potentiel narratif assez énorme, ne serait-ce que pour le catalogue Marvel qui pourrait lui servir d’énorme coffre à jouet. “Arrow“ sur la CW, ne se gêne pas pour piocher dans le catalogue DC tout ce qu’elle peut, et ce, dès ses premiers épisodes.

C’est donc assez frustrant de voir que, finalement, au-delà de quelques références à Extremis (le serum évoqué dans “Iron Man 3“), et l’évocation de la mort de Coulson dans “The Avengers“, les auteurs semblent ne pas vouloir piocher des masses dans l’univers pourtant vaste à leur disposition.

Au-delà de ces considérations, l’équipe de Coulson est sympathique à suivre, de même que leurs enquêtes, mais on se demande toujours si enlever le “Marvel“ dans le titre changerait quelque chose.

On nous promets pour bientôt un épisode faisant le pont avec “Thor, the dark world“, on espère surtout qu’il y aura d’autres épisodes jetant de tels ponts avec le reste des films Marvel.

Ils ont un beau jouet qui reste trop timide. C’est un peu comme si on leur donnait un bazooka et qu’ils s’en servaient pour touiller la tisane.

C’est sympa, très, même. L’équipe en charge a réussi à corriger certains travers des premiers épisodes (photo clinique, personnages un peu raides…), mais il reste beaucoup de chemin à parcourir pour que cette série atteigne son plein potentiel.

 

Une rentrée, en résumé, en demi-teinte, avec des choses sympathiques mais inabouties, ou des réussites mais qui ne tiennent que grâce à une recette qui a déjà fait ses preuves.

Que nous donnera la mi-saison ? Rendez-vous en janvier pour faire le point.

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18 octobre 2013

Saison 1 épisode 03 - Le Complexe de la flèche

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On avait tout à craindre de “Arrow“. Diffusée sur la CW, chaîne des dramas pour adolescents et jeunes adultes, adaptation d’un comic book DC et pas le plus connu, deux créateurs qui ont commis coup sur coup “No ordinary family“ et surtout la débâcle “Green Lantern“, soit deux échecs, des photos promos très Melrose Place avec un lead tout en abdos et un casting féminin de boobs sur pattes. Pour couronner le tout, on nous l’a vendue comme la relève de “Smallville“ (terminée l’année précédente au bout de dix saisons), soap cartoonesque pour ados boutonneux aux méchants d’opérettes et effets spéciaux en cagettes.

Alors, pourquoi sauver Arrow ?

Petit rappel des faits : Oliver Queen, fils aîné d’une famille de milliardaires embarque sur un yacht avec son père et la sœur de sa fiancée au cas où il aurait envie de jouer à pince-mi et pince-moi. Long story short, le bateau coule, le père se suicide pour que le fils ait assez de vivres dans le canot de sauvetage qui finit sur une île. Cinq ans plus tard, Oliver est retrouvé sur l’île par un bateau de pêcheurs. Il retourne chez lui, le corps couvert de cicatrices, et quelques trucs pratiques comme savoir péter la nuque d’un mec et tirer à l’arc sans jamais louper. Il met ses talents au service de la ville qu’il a juré de nettoyer de la pègre en suivant une liste de vilains laissée par son père, et en devenant un vigilante.

Trois raisons pour sauver cette série qui mérite plus que ce qu’on en dit :

 

L’histoire est bien menée.

Un des gros défaut du pilote et des deux épisodes suivants était la voix-off d’Oliver, très lourde. Exit à partir de l’épisode 4 où les scénaristes lui donnent un acolyte avec qui partager son secret.

Si les premiers épisodes suivent le shéma du bad-guy de la semaine c’est surtout pour bien cerner les personnages et leur dynamique, et on voit petit à petit une intrigue globale se dessiner qui prend vraiment son essor au bout de 6-7 épisodes tournant autour de cette fameuse liste. De plus, vous verrez que chaque épisode fonctionne sur deux temporalités différentes : le présent avec le retour d’Oliver à Starling City et les débuts de l’archer vert, et les cinq ans précédent ce retour avec la métamorphose du gosse de riche en Jason Bourne. Que s’est-il passé sur l’île pour donner un tel changement ? Loin d’être des flashbacks réalisés pour meubler les épisodes, ceux-ci ont leur propre intrigue parallèle et leur propre galerie de personnages forts (oui parce que évidemment il est pas tout seul sur l’île, sinon c’est pas marrant).

 

La réalisation est efficace.

Très efficace avec un “la“ donné dès le pilote par David Nutter, réalisateur sur des épisodes d’“X-Files“ et plus récemment “Homeland“ et “Game of Thrones“. Chaque épisode est un mini-film d’action au rythme bien mené. Un gros effort a été fait sur la direction artistique et la photo, qui ne sont pas sans rappeler (et ce n’est certainement pas un hasard) “Batman Begins“ de Nolan, toutes proportions gardées.

 

Le casting est à la hauteur.

C’était le gros doute sur ce type de production et surtout sur cette chaîne qui recrute plus dans les salles de gym et les pages de Victoria’s secret que dans les étudiants d’art dramatiques. Surprise, à part quelques exceptions, ça se tient bien (même si vous voudrez baffer la sœur cadette la première moitié de la saison).

Le lead est une bonne surprise. Là où on aurait pu s’attendre au beau-gosse à la mâchoire aussi carrée que les abdos, doué pour faire des pompes sur une main mais pas pour faire ses lacets, on a (certes) un beau gosse à la mâchoire aussi carrée que les abdos, mais qui sait jouer. Il s’acquitte avec les honneurs de sa tâche d’interpréter non pas un mais trois personnages : Oliver le gosse de riche apeuré sur l’île qui s’endurcir, le Oliver revenu de l’île qui doit maintenir les apparences (il se fait même traité de “male Lindsay Lohan“), et l’archer vert très Batman la trachéite en moins.

John Barrowman (“Torchwood“), méchant de la saison sait se montrer même assez flippant dans le rôle du milliardaire mégalo-psychopathe.

Seul point noir de ce casting : Katie Cassidy (dans le rôle du love interest), parfois un peu casse bonbon dans sa manie de surjouer l’émotion.

 

Certes “Arrow“ ne va pas révolutionner la série télé comme un “Breaking Bad“ ou un “Six Feet Under“, mais reste pour moi bien au-dessus de pas mal de productions actuelles, avec une histoire double (à Starling City et sur L’île) qui vous tient, une réal efficace, une ambiance travaillée, un casting dévoué à la cause, et une équipe de showrunners determinés à livrer une bonne série de comic book. 

 

Bref, pour une soirée détente c’est par ici, suivez les flèches (j’ai pas trouvé mieux comme vanne de fin).

 

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16 octobre 2013

Saison 1 épisode 02 – Celui qui faisait sa rentrée des comédies US

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Commençons par la fin :

Si comme le veut le dicton « un fou rire vaut un bon steak », alors le serveur s’est trompé dans ma commande.

 

Quelques lignes plus-tôt :

On compte près d’une dizaine de nouvelles comédies pour cette rentrée US seule. Les networks ont promis lors des upfronts qu’une avalanche de rires allait nous secouer les côtes. Et il est vrai que les trailers avaient l’air prometteurs et que beaucoup de ses nouveautés étaient portées par des stars.

Notez plutôt : Michael J. Fox (si vous ne le connaissez pas vous ne méritez pas le titre d’être humain), Seth Green (Oz dans “Buffy“ et créateur de la géniale “Robot Chicken“) en tandem avec Giovanni Ribisi (le frère de Phœbe dans “Friends“ c’est lui, + une tripotée de seconds rôles sous-exploités au cinoche) sous la houlette de Seth McFarlane (créateur des “Griffins“, “American Dad“, et “Ted“), Andy Semberg (étoile du Saturday Night Live), Robin Williams (merci de vous reporter au commentaire sur Michael J. Fox), Ana Faris (la série des “Scary Movies“) dans une nouveauté signée Chuck Lorre (“Two & a half men“, “Big Bang Theory“).

 

Bref, on sentait que tout ça était sérieux, on nous avait promis du lourd, de la pure, de la pas coupée, qu’un vrai scud de vannes allait nous sécher de rire.

Sauf que le scud a fait pchiiiitproutpafhaaaaaaapffffff……………

 

      Pourquoi ? Déjà par le fait que toutes ses nouveautés n’ont de nouveautés que le nom. Aucune innovation dans les concepts, formats ou thèmes. Il fallait vous réanimer après vos crises de rire devant « Notre belle famille » dans les 90’s ? Vous allez sur-kiffer cette rentrée. Comptons ensemble les séries jouant cette année sur le thème de la famille-pas-toujours facile-à-supporter-mais-on-s’aime-quand-même : “Trophy Wife“, “Welcome to the family“, “The Millers“, “Mom“, “The Goldbergs“, “The Michael J. Fox Show“ et sur la variante mon-père-que-je-ne-comprend-pas-toujours-mais-c’est-mon-papa-à-moi “The Crazy ones“ et “Dads“. Soit la majorité écrasante des nouveautés balancées cette année.

 Au final ce n’est pas hyper surprenant si on regarde un peu ce qui se passe aux US en ce moment où tout est plutôt moribond et où la seule certitude est d’être dans le doute (comme un peu partout, en fait). Le réflexe en cas de crise, de chaos est de se raccrocher à une constante. Et quelle meilleure constante que la cellule familiale ?

 Après-tout, why not ? La famille, historiquement a toujours été une source de comédie pour la télévision. Mais là, ce qui la rend parfaitement horripilante c’est que pour être drôle, il faut que cela soit grinçant, que les clichés soient contournés, explosés ou contrebalancés par un angle inédit. Or, ici, ces séries sont fondées sur ces clichés et élaborent leur fonctionnement autour de ces clichés. Pire, elles recyclent des formules usées jusqu’à la corde, des situations vues et revues cent fois.

 

      Et c’est le problème avec les blagues. Elles sont rarement drôles la seconde fois. Surtout mélangées à une mélasse bien coulante de bons sentiments.

Et quid de ces valeurs sûres, de ces vétérans de la vanne censés porter ces blockbusters du rire ? Le pire c’est que eux s’en sortent parce qu’ils se contentent de faire ce pourquoi ils ont été employés. Michael J. Fox cultive son capital sympathie (bonjour la mise en abîme avec son personnage, très subtil les gars) ; Robin Williams débite de la vanne au kilomètre sous amphétamines (effet secondaire : le reste du casting est sur le carreaux), Seth Green et Ribisi pédalent comme des dingues pour nous faire rire (normal quand t’as un vélo tout naze), Semberg et l’exellent Joe Lo Truglio (“Paul“ avec Pegg et Frost) sont perdus au milieu d’un casting où eux seuls savent sortir un gag correctement…

 

Bref, tout ça sent le placard de papi (celui où il rangeait ses sandales), le tire-sur-mon-doigt, le coussin pèteur, le comment-vas-tu-yau-de-poêle et nous montre que les chaînes ne veulent surtout pas prendre de risques. Donc au menu ce soir : du rire avec des restes, réchauffés et servis par des stars cachetonnantes.

 

Si comme le veut le dicton « un fou rire vaut un bon steak », alors le serveur s’est trompé dans ma commande.

 

 

 

PS : Vous noterez que le bon mot fait une chute sympa, mais fonctionne moins la deuxième fois. C'est fou, non?

14 octobre 2013

Saison 1 épisode 01 - Pilote

notes

 

Que ce soit une grand-mère qui a des faux airs de Tom Selleck ou un papa gâteau (ou l'inverse, rayez la mention inutile), à l'âge où l'on savait que l'on préférait les kinders aux brocolis vapeur, on adorait déjà que l'on nous raconte des histoires. On n'a pas beaucoup changé, finalement. Nous sommes juste passé de "un jour mon prince viendra" à "I am not in danger, I am the danger". Et avouons-le "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" était quand même limite comme cliffhanger, on aurait bien aimer avoir la suite.

      J'ai 31 ans et comme beaucoup de ma génération, j'ai grandi avec les séries télés de papa. Pratique pour être preum's aux blind tests quand passent les génériques de MCGyver, Magnum et consors. Comme beaucoup j'ai vu les séries évoluer, mais sans jamais décrocher de ce medium fascinant.

Adolescent, suivre religieusement "Buffy the Vampire Slayer" était l'équivalent social de porter un bonnet multicolore à grelots. Aujourd'hui, c'est pareil si "Haaan, t'as pas vu le dernier GOT?!!" (Ajouter les yeux écarquillés et les mains en éventail.

Au-delà du débat “qualité de l’offre télé Vs offre ciné“, je me suis surtout posé la question suivante “pourquoi on aime ça, bordel ?“. Pourquoi on est si passionné quand sort chaque nouvel épisode de sa série préférée ? Pourquoi on arracherait les dents au coupe-ongles au premier qui nous spoilerait la fin de “Breaking Bad“ ? Bref, qu’est-ce qui fait une bonne série ?

 

      Pour l’instant celui qui s’approche le plus de ce qui est, pour moi, la bonne réponse, est Andrew Stanton. Ok, le gars a fait “John Carter“, mais on va surtout retenir de son CV “Finding Nemo“ et “Wall-e“ qui prouvent (surtout le dernier) que le monsieur touche sa bille en storytelling. Lors d’une conférence TED, que je vous invite à visionner en intégralité, le monsieur commence en racontant une blague (spoiler alert : ça se termine avec un vieil écossais qui se tape une chèvre), et nous rappelle que “Storytelling is joke-telling“. Soit maîtriser ses prémices, ménager son développement, et surtout connaître sa chute.

Ce qui rejoint plus ou moins le point développé par John Truby, script-doctor de son état, dans l’émission du 26 janvier 2013 de “Saison 1, épisode 1“ sur le Mouv’. Pour lui, une bonne série repose sur 5 points importants :

1- Les prémisses, le pitch de la série indiquant son concept et donnant des indications sur son développement narratif (ce qui la rend unique). Par exemple pour “Breaking Bad“ Vince Gilligan l’a vendue comme “Mr Chips becomes Scarface“.

2- Le fil du désir des personnages : “Je veux tuer Red John“, “Je veux mettre ma famille à l’abri du besoin après ma mort“, “Je veux le trône de fer“, “Je veux coucher avec un vampire“, vous avez compris l’idée.

3- La trame des personnages. Qui sont-ils ? Comment sont-ils connectés ? Comment s’opposent-ils ?

4- L’univers narratif : le cadre, contexte donné à l’histoire. Par exemple une ville de Louisiane où les vampires sont mêlés à la population et les femmes sont nymphomanes, ou un univers de fantasy où tout le monde se fout sur la gueule pour un trône en épées et les femmes sont nymphomanes…

5- Connaître l’intrigue totale de la série. Clin d’œil dans la direction de Cuse et Lindelof suite à la divulgation récente d’un document de travail de "Lost" prouvant que les gars savaient autant où ils allaient que Stevie Wonder sans sa canne.

 

      En analysant ces 5 points on se rend compte que beaucoup de séries vont copier/coller sur d’autres et ne se contenter que de changer le cadre et quelques personnages. Evidemment, ce ne sont pas celles-ci qui rendent accros, qui font que les dernières secondes de l’épisode que l’on vient de voir vont rendre insupportables les jours à venir.

Non, c’est “House MD“ avec le principe de “Et si Sherlock Holmes était médecin ?“, c’est le capitaine Mal Reynolds qui veut garder à tout prix sa liberté et celle de son équipage, c’est la relation père/fils entre Walter et Jesse, c’est le monde par-delà le mur, c’est de savoir pourquoi ils sont sur l’île, putain ! C’est ça qui fait que nous voulons semaine après semaine retrouver les mêmes personnages.

Eh oui les petits gars, pas d’histoire sans personnage. Et le bonhomme Stanton nous le dit dans sa conférence : “Make me care“. Rien de pire qu’une série où l’on se contre-fout de ce qui peut arriver aux personnages. Dernier exemple en date : “The Following“. L’ex-femme du tueur machiavélique fait tellement de conneries qu’on en vient à souhaiter sa mort, et quand un des disciples se fait dessouder à coup d’oreiller (true story), on s’en tamponne comme de l’an 40.

 

“Make me care“.

 

      Des séries comme “Castle“ ou “NCIS“ voire même “Bones“, doivent moins leur longévité à l’originalité de leurs intrigues qu’à l’attachement que l’on peut avoir pour les personnages.

Et que dire de séries comme “Luther“ où le principe est clairement moins de savoir comment il va trouver le tueur, mais jusqu’où il sera près à aller pour cela et quel impact cela aura sur une nature qu’il a de plus en plus de mal à contenir. Rarement dans une série, la nature du personnage et son évolution dicteront aussi clairement le développement de la série, ses intrigues et le destin des personnages qui l’entourent.

“Make me care“ pour les personnages, leurs histoires, le monde qui les entoure. On veut les suivre, être avec eux, trembler pour eux.

Une bonne série, c’est avant tout cela : un récit qui me fera m’attacher aux personnages et à leur histoire.

      Donc non, tu ne me spoileras pas la fin de Breaking Bad, je veux vivre l’aventure jusqu’au bout avec Walter White comme je ne pourrais plus m’arrêter de tourner les pages d’un bon livre.

 

Et tant pis s’ils ne vécurent pas heureux et n’eurent pas beaucoup d’enfants.

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